Les lois de la nature s’appliquent également au leadership

Il y a quelques temps dans une émission consacrée à la science sur NPR (National Public Radio), j’ai écouté un chercheur discuter des résultats de ses recherches concernant un sujet aussi simple à énoncer que difficile à résoudre. De quoi s’agit-il? Comprendre pourquoi il est impossible de marcher tout doit devant soit quand on a les yeux fermés. Oui, essayez de faire cela et vous verrez. En réalité ce qui se passe est qu’après un certain nombre de pas l’on commence à faire des boucles. Selon ce chercheur, ce qui nous permet d’avancer tout droit est le feedback que l’on reçoit de l’extérieur et surtout la capacité de fixer un point loin de nous (comme au vélo). « Qu’est-ce que cela a à voir avec le leadership ? » me diriez-vous. N’avez vous pas quelquefois entendu quelques uns des plus anciens de votre entreprise dire après avoir pris connaissance d’une nouvelle méthodes (nouveau programme ou nouvelle stratégie) qu’elle leur rappelle quelque chose qu’ils ont vu passer il y a quelques années? Pour ainsi dire, l’entreprise serait en train de « repasser au même endroit » ou plus prosaïquement, de faire des boucles, comme notre marcheur aux yeux fermés. Si je pousse l’allégorie plus loin, je dirais que le marcheur aux yeux fermés correspond aux entreprises qui ont un pilotage à court terme et pas de « constancy of purpose » comme dirait Deming -il s’agit du premier principe des « 14 principes de management de Deming* ». Eh bien, dans ces entreprises on a souvent une impression de déjà-vu. Autre point important : si l’on ne fixe pas un point lointain on fait des boucles et l’on peut finir pas tomber (surtout vrai quand on est sur un vélo). Dans le leadership comme ailleurs, les lois de la nature s’appliquent et pour éviter de tourner en rond, fixez un objectif lointain, sur le long terme, et tenez-vous y. 

*Create constancy of purpose toward improvement of product and service, with the aim to become competitive and stay in business, and to provide jobs.

La définition du Juste-à-Temps (JIT ou JAT) est-elle redondante ?

A la question « Quelle est la définition du JAT ? » Beaucoup répondraient avec beaucoup de certitude que cela consiste à « livrer les bonnes pièces, au bon moment et à la bonne quantité » traduit de l’anglais « the right materials at the right moment and in the right amount ». Certains y ajoutent même la précision « in the right place ». La réalité est que la première définition (et plus encore la seconde) sont redondantes. En effet, dans un système de production (machine, ligne ou usine), la production P est une fonction du temps  — Production = P(t). Cela veut dire que le temps et la quantité de pièces produites sont liés. En effet, une livraison est en retard parce que le nombre de pièces produites n’est pas en quantité suffisante au moment de la livraison. Inversement la quantité de pièces produites n’est pas suffisante si le système de production (une machine, une ligne ou une usine) a besoin de plus de temps pour sortir la quantité prévue. Dès lors, le temps et la quantité de production sont complètement liés. D’où la redondance dans la definition: « the right materials at the right moment in and in the right amount ». En réalité, « the right materials at the right moment » ou « the right materials in the right amount ». Devrait suffire pour définir le JAT. Quant à la deuxième définition qui rajoute « in the right place », on est là dans la redondance de niveau deux. En effet, peut-on parler réellement de livraison si les pièces ne sont même pas au bon endroit ?

La question qui me taraude est : « pourquoi cette redondance est née et persiste-elle ? ». Je n’ai pas de réponse. Peut-être que les personnes qui ont initié cette définition n’y avaient pas prêté attention ou alors elles ont simplement considéré que la redondance, comme « la répétition était la mère de l’apprentissage » -dixit un proverbe russe.